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Sep
2021
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8 septembre, jour J pour le procès des attentats du 13/11/15, premières impressions

Il y avait forte affluence au Palais de Justice de l’île de la Cité à Paris pour le premier jour du procès des attentats du 13 novembre 2015. Avec plus de 1800 parties civiles, 330 avocats, 9 mois d’audience, 20 accusés, et près d’un millier de journalistes accrédités, il s’agit bien d’un procès démesuré, à l’échelle de la tragédie endurée par les 131 victimes, leurs familles, les centaines de blessés, leurs proches et le pays tout entier.

La sécurité est maximale, avec un périmètre sanctuarisé, 12 portiques de contrôle comme dans un aéroport, des gendarmes partout, des convois pénitentiaires ultraprotégés. L’organisation de ce procès a été conçue de longue date par la Cour d’appel de Paris (en charge des procès d’assises) depuis plus de deux ans, avec la construction d’une salle spéciale, un dispositif de webradio pour les parties civiles qui ne peuvent se déplacer, des réunions multiples avec les différents partenaires (associations, avocats, journalistes), des tests des circuits de circulation dans le palais.

« Nous sommes des parties civiles chanceux », a estimé, en ce premier jour, Arthur Dénouveaux, président de LifeforParis (de dos sur la photo ci-dessous) une des deux principales associations de victimes du 13/11. Bien sûr, il y a eu quelques petits bugs, avec une régie technique qui se teste, des micros pas toujours branchés, un wifi défaillant, des parties civiles sans leur accès dédié webradio, des consignes parfois contradictoires.

Mais, dans l’ensemble, le dispositif fonctionne. Il y avait, ce 8 septembre, plus de médias que de parties civiles, lesquelles avaient été dissuadées par la Cour d’appel et leurs avocats de se présenter dès l’ouverture, les premiers jours étant surtout dédiés à la mise en place de la procédure, l’appel des témoins et des parties civiles (déjà constituées ou en cours), la vérification des identités. Le procès va réellement, sur le fond, débuter vendredi 10 septembre avec l’exposé complet du dossier, puis lundi par les témoignages des policiers de la Sous-direction antiterroriste de la PJ et mardi par celui d’Isabelle Panou, la juge en charge du volet belge de cette instruction à Bruxelles.

Le président de la cour d’assises, Jean-Louis Périès, a débuté son pilotage avec assurance, bienveillance et une fermeté nette, notamment quand l »accusé Salah Abdeslam, qui s’est présenté comme « un combattant de l’Etat islamique », a commencé par dire qu’il « n’était point de divinité hors d’Allah ». « Ca sera discuté plus tard » a tranché le président, visiblement peu dupe de cette posture. Les premiers mots du seul survivant des commandos du 13 novembre ne surprennent pas. C’est comme cela qu’il s’était aussi présenté face aux juges d’instruction français en 2018, ainsi que devant le tribunal de Bruxelles la même année lors d’un premier procès pour la fusillade de Forest, avant de se murer dans le silence. Provocation? Message idéologique à ses complices et à l’Etat islamique? Sans doute un peu des deux.

Mais ce n’est pas que veulent retenir les associations de victimes, d’autant que cet accusé, dont les foucades sont déjà trop médiatisées, n’est pas forcément le plus important parmi les 14 qui comparaissent. « Peu nous importe ce que disent Salah Abdeslam ou les autres, on ne va pas se traîner à leurs pieds », a confié Philippe Duperron, président de 13Onze15 Fraternite & Vérité. « L’essentiel est de démontrer que la justice va passer », a ajouté Arthur Dénouveaux. La dignité des propos est exemplaire.

Le président Jean-Louis Périès a d’ailleurs pris soin de préciser d’entrée que, s’il s’agit bien d’un procès historique et hors-normes, il doit justement respecter « toutes les normes » judiciaires. Une justice normale pour des faits exceptionnellement graves: ce pourrait être la démonstration de la supériorité du droit et de la démocratie sur la barbarie.

 

PS: Nous étions présents à ce premier jour d’audience, avec le réalisateur Théo Ivanez, et l’ingénieur du son Benjamin Haïm,

-dans la suite du documentaire « 13 novembre l’audience est ouverte », cosigné avec Theo Ivanez, qui a été diffusé sur France 5 le 5/9 et toujours disponible en replay sur france-tv.fr

-Et aussi pour clore le tournage du 5ème et dernier épisode de la série « V13 » qui sera diffusée (5×52) sur LCP dans la semaine du 27/9, et qui est une version longue et très enrichie du film pour France 5.

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