31
Mar
2023
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« Les tueurs de la République: coup pour coup » docu sur Canal +

Adapté de mon livre éponyme par chez Fayard, ce nouveau documentaire, que je cosigne avec le réalisateur Damien Fleurette, titré « Les tueurs de la République: coup pour coup » est diffusé sur Canal+ Doc à partir du 31 mars, et mutli-rediffusé.

Il s’agit d’une troisième volet de l’adaptation audiovisuelle de mon livre, dont la réédition augmentée est parue en 2020.

Les deux premiers, que j’ai réalisée en 2017, portait sur l’histoire des « Vengeances d’Etat » (ep 1) et la militarisation progressive des opérations de neutralisation « Frappes ciblées« .

Ce nouvel opus traite de la période la plus récente, c’est-à-dire depuis l’élection de François Hollande et surtout le mandat d’Emmanuel Macron, avec la multiplication des attentats terroristes et des réponses françaises. Le docu aborde notamment les attentats du 13 novembre 2015 et la manière dont la France a identifié ses commanditaires et contribué à leur élimination en Syrie et en Irak, de 2016 à 2019.

Il soulève aussi le sujet de l’opposition des logiques militaires et judiciaires, la seconde étant souvent sacrifiée au profit de la première. Certains attentats ou assassinats de Français provoquent des traques de présumés coupables, qui sont éliminés au lieu d’être traduits en justice. Au risque que la vérité ne puisse vraiment surgir sur les responsabilités, par exemple dans l’assassinats de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journaliste à RFI, tués à Kidal le 2 novembre 2013.

Mon livre, et le film, racontent comment certains des ravisseurs et commanditaires ont été tués par l’armée française, au grand dam des proches des victimes, qui espèrent toujours qu’un procès aura lieu un jour avec des suspects interpellés.

 

François Molins, ancien procureur de la République de Paris, de 2012 à 2018, nous livre son témoignage et son analyse sur le fait que la justice n’est pas toujours informée de ce que peut faire l’armée ou les services. Pour lui, le « secret défense » est parfois brandi de manière un peu large sur ces opérations d’élimination des djihadistes. Il donne des clés pour comprendre le statut juridiques de ces « combattants » étrangers non étatiques, tout comme Amilie Férey, chercheuse associée à l’IFRI et auteure d’un livre précieux sur les « assassinats ciblés » (CNRS Editions).

L’entrée en action des drones armés, dont la France a commencé à se servir fin 2019 au Sahel, est également abordé, sous l’aspect du droit et de son usage. Le film questionne in fine la question de l’efficacité des éliminations ciblées. Au vu de la fin de l’opération Barkhane et de la dégradation sécuritaire au Sahel depuis 2020, la chasse aux scalps, parfois revendiquée fièrement par les officiels, montre ses limites.

Parmi les autres témoins de ce film:

Danièle Gonod, président de l’association des amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon

David Baché, journaliste à RFI

Didier Le Bret, ancien coordinateur national au renseignement à ‘lElysée

Matthieu Suc, journaliste à Médiapart, auteur du llivre « Les espions de la terreur »

-Fabrice Lhomme, journaliste au Monde, coauteur de « Un président ne devrait pas dire ça »

« Matt », ex-soldat des forces spéciales

Gilbert Roger, sénateur (PS), auteur de rapports sur les drones

4
Déc
2022
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Rencontre avec Monica Sabolo: « La vie clandestine », récit sur Action directe et autres démons

Le plaisir fut grand, le 2 décembre 2022, d’échanger avec l’écrivain(e) Monica Sabolo, dans le cadre des rencontres de la Librairie de la Place aux Herbes. Je n’avais, à dire vrai, jamais lu les romans de cette auteure avant d’avoir l’opportunité d’animer un débat autour de son dernier livre titré « La vie clandestine » paru chez Gallimard, dans la liste des nominés au Goncourt.

Née à Milan, d’une mère compliquée et d’un père inconnu, Monica Sabolo a grandi du côté de la Suisse auprès d’un père adoptif mystérieux. Ses premiers romans sont empreints d’histoires d’amour, puis de jeunes filles un peu perdues, et de lourds secrets de famille. J’ai découvert « Summer », livre du nom d’une adolescente qui disparaît, sur les bords du lac Léman, avant qu’on découvre qu’elle a été abusée par son père. On pressent que l’auteur aborde, par petites touches, ses propres démons…

Dans « La vie clandestine », elle choisit de les dévoiler plus directement, dans un récit tissé de deux histoires apparemment sans rapport initial : celui des jeunes femmes du groupe terroriste d’extrême gauche Action directe, et le récit de la jeunesse de Monica S. , abusée par son père adoptif Yves S.

Pourquoi Action directe ? L’auteur répond qu’elle voulait construire un récit d’enquête sur un sujet éloigné d’elle-même, en s’interrogeant sur la bascule criminelle du groupe Action directe, et principalement de ses deux figures de proue féminines, Joëlle Aubron et Nathalie Ménigon, qui revendiqua notamment l’assassinat de Georges Besse, patron de Renault, tué boulevard Edgar Quinet un jour de novembre 1986.

Monica Sabolo s’avance dans la reconstitution minutieuse de leurs parcours de militantes ultras, passées dans la clandestinité, puis elle va à la rencontre de quelques survivants du groupe Action directe, libres ou sortis de prison après de lourdes condamnations. Ce faisant, elle dresse le portrait d’une époque, celle des années 70 et 80, et de personnages aussi terrifiants qu’insondables. En parallèle, elle dévoile les secrets de sa propre « vie clandestine ». « Je ne savais pas qui j’étais. Je vivais comme un espion dans une légende, sans connaître ma vraie histoire » confie l’italienne lors de nos échanges. Jusqu’à la divulgation, au milieu du livre, de l’inceste enduré en Suisse, secret qui peut tout détruire autour d’elle.

Entre les crimes commis par Action directe, jamais désavoués franchement par ses auteurs, et le crime paternel, jamais assumé, il y a des ponts, des effets de miroirs. La question du pardon – possible, impossible – traverse ce récit touchant. Monica Sabolo se tient en permanence sur un fil d’acrobate ou de funambule, sans jamais céder à la complaisance ni au narcissisme. On est sur le bord de la falaise, avec Monica S, entre le terrorisme extérieur et la terreur intérieure. « Ce livre m’a apaisé », dit-elle au public nombreux venu l’écouter à la Librairie de la place aux Herbes. Elle n’en a sans doute pas terminé avec ses démons. Mais au moins les a-t-elle nommés.

Merci à la Librairie pour cette découverte et cet échange!

21
Juil
2022
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13 novembre, la justice est passée

Au terme d’un long marathon judiciaire, la cour d’assises spécialement composée a rendu son verdict, le 29 juin, concernant les 20 personnes suspectées d’avoir participé, de près ou de loin, aux attentats du 13 novembre 2015: toutes ont été reconnues coupables d’association de malfaiteurs terroristes, à l’exception de Farid Kharkach, fournisseur de faux papiers, condamné seulement pour association de malfaiteurs. Les peines prononcées sont assez proches de celles requises par les avocats généraux. On peut retrouver le détail des peines prononcées ici.

Le principal accusé, Salah Abdeslam, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, la peine la plus lourde du code pénal, prononcée seulement à 4 reprises depuis son instauration. Les avocats de cet accusé, Me Olivia Ronen et Me Martin Vettes, qui ont vainement tenté d’amenuiser la peine, ont exprimé leur désaccord avec le verdict. Mais sans finalement réussir à convaincre leur client de faire appel. Faute d’appel des accusés et du parquet, le jugement du 29 juin est donc définitif. Quels que soient les critiques –  exprimées (2022 07 18 « Le procès des attentats du 13-Novembr…roits de la défense ont été malmenés » ) a posteriori par plusieurs avocats de la défense et contrées par des associations de victimes 2022 07 21 tribune life Attentats du 13-Novembre _ « Tout procè… politique, il est conforme au droit » copie – sur le déroulement de ce procès, la justice est passée, mettant un point final à une procédure judiciaire de près de sept ans.

La chaine parlementaire LCP a décidé de rediffuser, le dimanche 3 juillet, l’intégralité de notre série « V13 », qui traitait de l’enquête et des préparatifs du procès. Une série en 5 épisodes que l’on peut revoir ici. Un débat a réuni ensuite plusieurs acteurs et témoins du procès, que l’on peut également revoir là.

Nous poursuivons, pour notre part, notre travail de documentariste sur ce procès, avec des tournages complémentaires, qui donneront lieu à un nouveau film sur le procès, pour France Télévisions, qui sera prêt en 2023.

13
Mai
2022
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Procès V13: tournages en cours pour France TV

Dans la suite du documentaire « 13 novembre l’audience est ouverte«  (France 5) et de la série « V13«  (toujours visible sur le site de LCP), que j’ai co-signés et qui ont été diffusés en septembre dernier, France Télévisions nous a demandé de réaliser un nouveau film documentaire sur le procès des attentats du 13 novembre. Ce procès, qui a débuté le 8 septembre au palais de justice de Paris (dans l’ile de la Cité), doit se terminer fin juin-  après plusieurs suspensions dues au Covid.

Après avoir travaillé pendant deux ans sur les 2 premiers films avec le jeune réalisateur Théo Ivanez, je fais équipe cette fois-ci avec un autre réalisateur Jean-Baptiste Péretié, qui s’est aussi pris de passion pour ce sujet de la justice.

Notre intention est de raconter ce procès à travers des témoins-clés et de mettre en avant la manière dont le procès transforme à la fois ceux qui le vivent (parties civiles, accusés, avocats, magistrats, témoins, médias) tout comme la société dans son ensemble.

Depuis plusieurs mois, nous suivons donc le procès au jour le jour et nous avons entamé des tournages, avec de multiples acteurs de ce procès hors-normes – dont certains étaient déjà présents dans les films précédents – qui ont accepté de nous livrer leur analyse et de nous dévoiler quelques coulisses. Nous ne pouvons tous les citer à ce stade, mais je peux d’ores et déjà les remercier de leur confiance et souligner que leurs témoignages nous aident à mieux comprendre ce qui se noue lors d’un procès aussi important (un traumatisme national, 131 morts, des centaines de blessés, plus de 2500 parties civiles, 350 avocats, un million de pages dans le dossier, 10 mois d’audience, 20 accusés dont 14 présents).

Une fois le jugement prononcé (prévu normalement le 29 juin), nous poursuivrons nos tournages à l’automne pour tirer les enseignements de ce procès et accompagner nos témoins dans leur vie, avant d’entamer la phase de montage.

Le film, destiné à un prime time de France TV, devrait être diffusé en 2023 (date encore non définie, nous avons le temps).

D’ici là, les caméras tournent, avec une équipe de choc et l’appui de Kuiv productions.

 

7
Avr
2022
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Quand Marine Le Pen vantait sa « loyauté » à l’égard de la Russie de Poutine…

Les positions pro-russes de Marine Le Pen, tout comme son « admiration » affichée pour son leader Vladimir Poutine ne datent pas d’hier. Une vidéo un peu oubliée en atteste. La scène se situe le 20 juin 2013, lors de la première visite de la présidente du Front national à Moscou. Elle est reçue à bras ouverts, au Kremlin par Dimitri Rogozine, vice-président du gouvernement chargé de la Défense, et à la Douma notamment par Sergeï Narychkine, ancien bras droit de Poutine et futur patron des services secrets SVR. Elle prononce également un discours au MGIMO, l’institut d’Etat des relations internationales de l’Université de Moscou, avant de répondre à des questions des étudiants.

Cette conférence-débat au MGIMO est bien évoquée sur le site du RN, mais sans la vidéo correspondante, très instructive, de plus d’une heure. Nous l’avons retrouvée (voir ci-dessous l’intégralité de la vidéo)  Marine Le Pen y détaille ses points de vue. Elle explique ses positions contre l’OTAN et contre l’Union européenne, cette dernière étant considérée par elle comme « totalitaire », au point qu’elle la surnomme « l’Union soviétique européenne ».


Elle prend ensuite la défense de la Russie en ces termes :

(30’13) « Je suis convaincue que si la Russie est aujourd’hui un peu victime d’une sorte de guerre froide de la part de l’Union européenne, […] c’est parce que c’est vrai que l’Union européenne s’est mise dans la sphère d’influence des Etats-Unis. Et que L’Europe et la France n’a plus cette liberté, cette voix particulière qui était la sienne. Mais c’est aussi, je le crois, parce que la Russie veut défendre sa liberté et sa souveraineté qu’elle ne veut pas se soumettre justement à des ordres venus de tel ou tel coin du monde. Et çà, quelque part, ça dérange. »

Marine Le Pen se prononce alors clairement en faveur d’un rapprochement stratégique avec la Russie, qui partagerait avec la France des « valeurs » et une « même vision de l’homme » :

 (31’40) : « Je veux à tous prix que la France soit capable de recréer des liens extrêmement forts avec la Russie.  C’est notre histoire commune, c’est les liens que nous avons créés dans l’histoire. Mais c’est aussi notre intérêt. C’est votre intérêt et c’est notre intérêt. Nous avons des intérêts stratégiques communs. Nous avons des valeurs communes. Nous avons la même vision de l’homme. Nous avons des racines chrétiennes communes. Et ceci devrait tout à fait naturellement nous pousser à avoir des relations bien plus proches que celles que nous avons aujourd’hui. »

Rappelons qu’à cette époque, le régime de Poutine a déjà écrasé la Tchétchènie, fait assassiner la journaliste Anna Politivoskaïa, mené une guerre meurtrière en Georgie, poursuivi ses opposants et restreint la liberté d’expression…

Mais peu importe : aux yeux de la présidente du Front national, la Russie est une « nation européenne » qu’elle souhaite intégrer dans son futur projet: « Je voudrais, dans l’Europe dont je rêve, cette Europe débarrassée de l’Union européenne, qui soit une Europe des nations libres et souveraines, une Europe des coopérations, que cette Europe aille jusqu’à la Russie. »

A une question d’un étudiant franco-russe sur les raisons de son bon accueil à Moscou par le gouvernement et les autorités russes, Marine Le Pen répond en avouant sa « loyauté » à l’égard de la Russie de Poutine. Elle va même jusqu’à comparer la diabolisation dont la Russie serait victime à celle  qu’elle endurerait elle-même en France, notamment lors de la récente campagne présidentielle de 2012 qui a vu la victoire de François Hollande. Voici cet extrait:

(38’30 à 42’06) « Pourquoi ai-je été reçue ? Peut-être parce j’ai fait preuve en France de loyauté à l’égard de la Russie et de courage, car il faut que vous soyez conscients qu’il y a une véritable œuvre de diabolisation de la Russie par les médias français. La Russie est présentée comme une terrible dictature, avec laquelle il ne faut surtout avoir aucun rapport. Et je serai d’ailleurs passée au grill en rentrant, je vous rassure, je serai passée à la question, comme au Moyen-âge, en rentrant en France par ces médias qui diabolisent la Russie au niveau mondial. Je connais bien cela car la Russie est diabolisée au niveau de l’Union européenne, comme le Front national est diabolisé en France par les mêmes médias. Beaucoup de mensonges proférés sur l’un sont aussi des mensonges proférés sur l’autre.

Ce n’est qu’un début, cette relation avec la Russie, j’espère les approfondir et j’espère notamment qu’au niveau des partis politiques, des relations plus proches pourront s’organiser […] Et je dis la même chose en France que ce je dis ici, cela fait de moi quelqu’un, dans la classe politique française, d’assez exceptionnel, car beaucoup de responsables politiques sont adeptes du double langage : ils viennent vous dire des choses agréables quand ils sont chez vous, mais quand ils sont rentrés en France, ils ne disent plus la même chose. J’ai été assez brutalisée notamment pendant la campagne présidentielle pour avoir défendu, il faut bien le dire, la Russie contre des accusations qui me paraissent injustes. C’est peut-être cela aussi qui fait que l’on m’a accueillie avec courtoisie. »

En adoptant cette posture, Marine Le Pen se place alors délibérément dans le même camp que la Russie de Poutine. Cet alignement, revendiqué, n’a pas varié les années suivantes, puisqu’elle a approuvé l’annexion de la Crimée par la Russie, critiqué les positions ukrainiennes, fustigé le régime des sanctions européennes, soutenu l’intervention militaire de la Russie aux côtés du dictateur syrien Bachar El-Assad et répété de nombreuses fois que la Russie avait été « maltraitée » au plan international.

Signe de ses bonnes relations avec Moscou : elle a obtenu en septembre 2014 un prêt de 9 millions d’euros de la part d’une banque russo-tchéque d’un proche de Poutine pour sa campagne présidentielle de 2017, avant de retourner plusieurs fois à Moscou et d’être reçue en grandes pompes par Vladimir Poutine au Kremlin le 24 mars 2017. La photo immortalisant la scène a été promptement retirée récemment de sa brochure de candidate RN pour la campagne de ces derniers mois.

Malgré sa récente condamnation de la guerre russe en Ukraine, elle a encore répété récemment son souhait de passer un jour une « alliance » avec la Russie, une fois la guerre terminée. Sa « loyauté » envers la Russie de Poutine demeure.

 

17
Mar
2022
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Les tueurs de la République, édition augmentée, disponible en poche

Ayant déjà édité en poche en 2016 la version initiale de mon livre « Les tueurs de la République » (Fayard, paru en 2015), qui a connu un très grand succès, J’ai Lu poursuit dans la même veine en publiant, ces jours ci (le 16/3) l’édition augmentée et actualisée de ce même livre, parue fin 2020 toujours chez Fayard. Celle-ci est également disponible depuis quelques mois en version audio, chez Audiolib.

Cette édition 2022 de poche compte désormais un peu plus de 600 pages (608 exactement!), soit 200 pages de plus que la précédente, avec des documents originaux en annexe.

C’est, à mes yeux, la plus complète sur le sujet, même si l’opération Barkhane au Sahel, dont je détaille les dernières opérations ciblées, tout en en soulignant les limites, a, depuis lors, été officiellement annoncée comme devant prendre fin rapidement, du fait des positions et de la junte militaire qui a pris le pouvoir au Mali.

Voici la nouvelle présentation résumée de cette édition de poche 2022 des « Tueurs de la République » sur le site de J’ai Lu (avec possibilité de feuilleter quelques pages)

« Vengeances d’État, assassinats en série, attentats commandités, éradication de chefs terroristes, emploi de mercenaires ou de services secrets alliés : oui, la France est capable de tuer pour régler ses comptes et défendre ses intérêts, que ce soit en Afrique, au Moyen-Orient ou ailleurs.Pour ce faire, la DGSE dispose d’une cellule clandestine dont les agents sont entraînés pour mener à bien des exécutions ciblées. De de Gaulle à Macron, tous ont recouru à ces actions inavouables. Ceux qui ont accordé ou obtenu le « permis de tuer » éclairent ici cette face sombre du pouvoir. Cette édition largement augmentée nous révèle ces opérations et qui elles visent. Grâce à de nouveaux témoignages et à la reproduction de documents inédits, elle nous apprend comment la France s’est vengée presque systématiquement des attaques et des attentats qui l’ont frappée depuis 2015. »

 

4
Mar
2022
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Poutine: le pire est à venir? « C ce soir » sur France 5 le 3/3

J’étais invité, le 3 mars, à participer à l’émission « C ce soir », diffusée sur France 5 à 22h35, dans le cadre d’un débat sur la guerre russe contre l’Ukraine. Je suis notamment intervenu pour rappeler quelques éléments de contexte sur le système Poutine, entouré de ses « faucons » sécuritaires, les « siloviki », sur la possibilité de surenchère militaire, comme un « ours blessé » devenant de plus en plus dangereux. Poutine a sans doute estimé que l’Occident ne réagirait que mollement à son invasion, et il a sous-évalué la résistance russe. Mais cela ne l’arrête pas pour autant et il peut poursuivre l’escalade car il veut remettre la main sur la totalité de l’Ukraine.

Pour relire l’article que j’avais écrit en 2019 sur les « espions de Poutine » et le retour à la guerre froide, publié dans Le Figaro Magazine c’est ici: Fig MAG espions russes

Pour comprendre le système idéologique dans lequel vit Poutine et ses proches, il faut lire le texte d’un chroniqueur de l’agence russe Ria Novosti, dans la droite ligne du chef du Kremlin, mis en ligne par erreur – et vite retiré – qui ne devait être publié qu’après une « victoire » russe en Ukraine. Un texte éclairant, glaçant, instructif, sur les objectifs poutiniens, (sur la « réunification » avec l’Ukraine, le grand retour de la Russie et la fin de la domination occidentale) traduit en français et mis en ligne sur le site de la Fondapol le 2/3. A lire ici.

 

Voilà la présentation de l’émission du 3/3/2022 « C ce soir », disponible en replay ici

19
Fév
2022
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Serval-Barkhane : au moins 3000 djihadistes tués, dont 50 chefs, par l’armée française au Sahel depuis 2013

La fin de l’opération Barkhane dans sa forme actuelle, du moins le retrait annoncé des forces françaises du Mali, soulève quelques réflexions. Beaucoup y ont vu un « échec » français, tant le partenariat avec le Mali, notamment les Forces armées maliennes (Fama), a été d’abord mis en avant par les décideurs à Paris pendant des années comme une forme d’exemple avant d’être finalement remis en question, et balayé, par la junte militaire qui a pris le pouvoir à Bamako en 2021.

Mais si le bilan humain (avec 58 soldats français tués), politique et diplomatique de Barkhane peut sembler désastreux, c’est d’abord à cause des faiblesses du pouvoir malien, peu prompt à mettre en oeuvre des accords d’Alger signés en 2015 qui prévoyaient un règlement de la question touarègue et des réformes structurelles qui se sont enlisées.

Les militaires français ont rempli, pour leur part, une de leurs missions: entraver les « groupes armés terroristes »  (GAT) autant que possible, dans un contexte de plus en plus compliqué, alors que les règlements de compte ethniques et la surenchère entre les groupes djihadistes de la mouvance Al-Qaïda (GSIM) et ceux de la mouvance ralliée à l’Etat islamique (EIGS) ont élargi les zones d’insécurité aux pays voisins.

Par prudence, les états-majors n’ont jamais voulu fournir de bilan détaillé des « pertes » dans les rangs des GAT depuis le début du déploiement français au Sahel (opération Serval en janvier 2013, suivie par l’opération Barkhane mi-2014). Il est néanmoins possible d’avancer quelques éléments chiffrés, sur la base des communiqués hebdomadaires du ministère des Armées sur les opérations et de déclarations publiques éparses de responsables politiques et militaires. Médiapart s’est livré, ces derniers jours, à cette compilation, estimant que l’armée française a tué « au moins 2800 présumés djihadistes » depuis 2013. Un chiffre a minima, puisque les communiqués délivrés au fil des semaines sont parfois imprécis et qu’ils n’incluent pas les djihadistes tués plus directement par les armées nigériennes, maliennes et burkinabés. L’ONG Acled estime le bilan plus largement à 4 à 5 000 tués.

Depuis 2013, j’ai aussi collecté ces données des états-majors français et croisé diverses sources officielles. Le total auquel je suis parvenu corrobore le chiffre avancé par Médiapart : l’armée française a sans doute contribué directement à l’élimination d’au moins 3000 membres présumés de groupes terroristes au Sahel depuis 2013.

L’opération Serval aurait, à elle seule, causé la mort de 600 à 1000 djihadistes, selon un haut gradé français qui a participé directement à cette opération. Le dispositif Barkhane, qui lui a succédé mi-2014, a d’abord connu une relative accalmie avant que les katibas rivales de l’EIGS et du GSIM ne reprennent leurs offensives en 2017-2018. «Il s’agit de quelques centaines d’hommes et non quelques milliers, mais ils sont prêts à tout » déclarait en octobre 2017 le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. En réalité, il faut croire qu’il ne s’agissait pas seulement de quelques centaines d’hommes, ou que ces groupes n’ont cessé de se régénérer, car le bilan a flambé depuis cette période : en février 2018, le ministère des Armées parlait déjà de « 450 djihadistes tués au Sahel » depuis mi-2014.

Le mouvement s’est accéléré les années suivantes, les chiffres passant le seuil des 800 tués début 2020. Avec la multiplication des raids, les renforts envoyés en 2020, l’appui du G5 Sahel, de la Force européenne Takuba et l’entrée en action des drones armés à partir de décembre 2019, les opérations militaires françaises ont été de plus en plus meurtrières, avec un rythme de près 50 à 100 morts par mois en 2020 et 2021. Devant des parlementaires début 2021, le général Ferlet, directeur du renseignement militaire (DRM) a avancé le chiffre de 859 tués parmi les membres du seul groupe EIGS… Globalement, le bilan dépasserait les 2 200 tués pour la seule opération Barkhane. Non sans laisser planer, parfois, quelques soupçons de dommages collatéraux ou de bavures, comme la frappe sur le village de Bounti au Mali le 3 janvier 2021, qui aurait visé des participants à un mariage selon l’Onu et des ONG qui ont enquêté sur place, et non un groupe de combattants, thèse avancée et réitérée par l’état-major de Bakhane.

Parmi les plus de 3000 présumés ennemis tués au combat, on peut également estimer que la France a éliminé au moins 50 « cibles de haute valeur » (« High Value Targets », ou HVT en anglais), autrement dit des chefs et des sous-chefs importants des groupes armés terroristes. J’ai donné le détail et raconté certaines de ces « opérations ciblées » dans mon livre « Les tueurs de la République », réédité fin 2020.

Les états-majors français ont toujours été très réticents à revendiquer ces « scalps », redoutant que ces annonces ne soient considérée comme des critères de « succès » trop ronflants. Mais les décideurs politiques n’ont pas toujours suivi cette ligne, avec des communiqués sur la mort de certains chefs, comme celle de Djamel Okacha en février 2019, d’Abdelmalek Droukdel en juin 2020, de Bah Ag Moussa en novembre 2020 ou celle du grand chef de l’EIGS, Walid al Sahraoui, en septembre 2021, présentée par Emmanuel Macron et sa ministre Florence Parly comme « un succès majeur » et « un coup décisif ».

Des succès tactiques indéniables, mais qui ont leurs limites. Cette politique de désorganisation et d’attrition des groupes armés terroristes les a sans doute affectés, sans les anéantir. Les chefs ont été renouvelés. La guerre s’est propagée au Sahel. Cette guerre hybride ne peut sans doute pas prétendre à une quelconque notion d’échec, pas davantage que de victoire.

24
Jan
2022
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Histoire secrète de l’antiterrorisme, rediffusion sur France 5

Le dimanche 23 septembre, en fin de soirée, France 5 a rediffusé le documentaire « Histoire secrète de l’antiterrorisme« , que j’ai cosigné avec Patrick Rotman en 2018. Basé sur les témoignages des hauts responsables français du renseignement, magistrats, juges, policiers, tous « sentinelles » de la lutte antiterroriste, ce film retrace plus de 30 ans de lutte contre le terrorisme international, principalement islamiste. Ces grands témoins évoquent leurs réussites et leurs échecs, sans langue de bois.

De l’attentat de la rue des Rosiers en 1982 à ceux des années 2015-2017, il détaille le contexte géopolitique, les menaces, les filières, les différentes vagues d’attentats ayant frappé la France (1982-1987, 1995-1996, 2012-2017), les enquêtes menées par les acteurs de la lutte antiterroriste ainsi que l’évolution du dispositif législatif et humain pour y faire face.

Visé dans les années 80 par des menaces extérieures, des terrorismes d’Etats (Syrie, Iran, Libye) puis par de nébuleuses islamistes (GIA algérien, Al Qaïda), formés dans des terres de combat (Afghanistan), les menaces ont ensuite pris, après le 11 septembre 2001, un caractère plus diffus, avec des ferments intérieurs, et des combattants partis en Irak en Syrie, ou restés sur le territoire, nourris de propagande et aptes à passer sous les radars.

Ce film d’une durée totale de 152 minutes, en deux grandes parties (menaces extérieures, menaces intérieures), a été diffusé pour la 1ère fois en prime time le 13 novembre 2018 sur France 2, lors du 3ème anniversaire des attentats de Paris et Saint Denis.

Cette rediffusion dans la « Case du siècle » sur France 5 s’inscrit dans le cadre de l’actualité du procès des attentats du 13 novembre 2015, sur lequel j’ai aussi cosigné deux autres films plus récents (« 13 novembre l’audience est ouverte« , et « V13″) et sur lequel je poursuis un travail pour un nouveau film pour France TV.

Pour revoir en replay (jusqu’au 22/2/2022), les 2 parties du docu Histoire secrète de l’antiterrorisme, c’est ici pour la première partie et là, pour la deuxième partie.

Plus de détails sur le film ici, avec un lien vers les commentaires des médias