10
Avr
2024
0

Quand la DGSE assume l’élimination de Belmokhtar

Peu de spectateurs et d’observateurs l’ont remarqué : dans le documentaire « DGSE, la fabrique des agents secrets », diffusé le 9 avril sur France 2 (voir le replay ici) signé de Jean-Christophe Notin et de Théo Ivanez, le service livre une information qui n’était, jusque-là, pas officielle : la DGSE assume avoir fourni les renseignements ayant permis la frappe ciblée qui a tué fin 2016 l’un des leaders djihadistes au Sahel, l’algérien Mokhtar Belmokhtar, surnommé « Le Borgne » ou « le Ben Laden du Sahara ».

Devant la caméra, l’un des responsables du contre-terrorisme au sein de la DGSE explique que la traque de certains commanditaires peut prendre des années et que Belmokhtar a bien été éliminé grâce à l’action du service – « un résultat opérationnel majeur » dit-il-, de même que d’autres chefs d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), comme Abdelmalek Droukdel en 2019 ou Yahia Djouadi en 2022.

Cette frappe ciblée contre Belmokhtar de 2016 est mise en lien, dans le documentaire, avec l’assassinat de quatre Français en Mauritanie le 24 décembre 2007. Comme un de ses agents le raconte dans le film, la DGSE avait suivi et interpellé en Guinée-Bissau les trois auteurs présumés de cet attentat, avant de les remettre à la justice mauritanienne, et d’en rattraper un qui s’était évadé. Mais la traque du commanditaire présumé, Mokhtar Belmokthar, vétéran du GIA algérien, devenu un des leaders de la nouvelle Al Qaïda au Mahgreb islamique (AQMI) aurait pris, quant à elle, 9 ans.

En réalité, cette histoire, jusqu’à la mort de Belmokthar après un raid aérien français en Libye, que j’avais pu raconter en détail dans mon livre « Les tueurs de la République » est plus complexe.

Après la remise des trois auteurs présumés de l’attentat du 24 décembre 2007 à la justice mauritanienne, la DGSE a d’abord fait annuler, en janvier 2008, le rallye Paris-Dakar, qu’elle savait menacée. Puis, elle a participé à des opérations clandestines visant à éliminer d’autres djihadistes qui préparaient des attentats en Afrique, que ce soit en Mauritanie, au Mali, au Niger et ailleurs.

Malheureusement, Mokhtar Belmokthar a réussi à organiser de nombreuses autres opérations terroristes qui ont tué des Français, avant d’être lui-même ciblé fin 2016. Pour l’anecdote, il avait failli être éliminé plusieurs fois avant 2007: notamment fin 1999, quand Jacques Chirac et Lionel Jospin avaient refusé un possible raid français sur son camp, ou en 2004 quand les Américains avaient renoncé à une frappe ciblée sur lui.

Outre l’assassinat des quatre Français en Mauritanie fin 2007, les attentats qui sont imputés à Belmokhtar et ses équipes (au sein d’Aqmi; puis, après en avoir été évincé en 2012, de son groupe dissident « Les signataires par le sang », qu’il a fusionné mi-2013 avec d’autres rebelles au sein du groupe « Al-Morabitoune ») sont les suivants:

-L’enlèvement de deux Français, Antoine de Léocour et Vincent Delory, le 7 janvier 2011, dans un restaurant de Niamey  au Niger (les deux otages sont morts lors d’un assaut des forces spéciales françaises pour tenter de les sauver)

L’attaque du complexe gazier d’In Amenas en Algérie le 16 janvier 2013, où 38 civils ont péri, dont le Français Yann Desjeux.

-Des attentats-suicides à Arlit et Agades en mai 2013 au Niger,

-L’assaut contre une unité de l’armée française près de Gao, au Mali, le 14 juillet 2014, qui a tué un légionnaire et blessé six soldats.

La traque de Belmokhtar et de ses lieutenants était alors devenue, comme je le raconte, l’une des priorités de la DGSE et de l’état-major des armées, avec l’aval de François Hollande. Avec des résultats: son bras droit Abou Moghren al Tounsi, est tué fin septembre 2013 ; son fidèle Fayçal Boussemane et son gendre al‐Hassan Ould al‐Khalil, en novembre 2013 ; son beau‐père, Omar Ould Hamaha, dit « Barbe rouge », en mars 2014 ; Abou Bakr al‐Nasr, dit «l’Égyptien », spécialiste des armes, en avril 2014 ; son bras droit Ahmed al Tilemsi en décembre 2014.

Mais Belmokhtar, qui s’est refugié en Libye, restait alors introuvable. Il s’est rapproché des responsables de l’Etat islamique en Libye. Il fait partie des HVT (High value targets), cibles prioritaires partagées avec les Américains. En juin 2015, des F15 américains partis d’une base britannique frappent un endroit où il a été repéré près de la ville pétrolière d’Ajbadiya, en Libye. Mais « le Borgne » semble en réchapper.

La DGSE poursuit sa quête de renseignements. Elle finit par le localiser dans l’oasis d’Al-Brak, près de Shebha, à plusieurs centaines de km de Tripoli, début novembre 2016. Des risques de dommages collatéraux dans des maisons voisines retardent l’opération. François Hollande donne finalement son feu vert une semaine plus tard, lorsque les conditions sont réunies. Dans la nuit du 14 au 15 novembre 2016, deux Rafale partis de Mont-de-Marsan, aidés par un drone américain de reconnaissance, larguent deux bombes sur le bâtiment, comme le rapporte alors la lettre spécialisée TTU. Le Pentagone laisse entendre que cette fois-ci, Belmokhtar est bien mort. La rumeur enfle. Mais les autorités françaises, par prudence ou calcul, refusent de confirmer cette frappe ciblée et la mort de cet ennemi. « Nous sommes sûrs de l’avoir éliminé » me confie pourtant plusieurs sources, dont un haut responsable du renseignement, ce qui me permet de l’écrire.

Dans son livre « Les leçons du pouvoir », paru en 2018, François Hollande a évoqué ce raid secret qu’il a lui-même décidé, mais sans nommer Belmokhtar: « Autant qu’il a pu, il a tué ou fait tuer des Français […] depuis ce jour [de la frappe ciblée], il n’est jamais réapparu », écrit-il.

Après François Hollande, la DGSE assume aujourd’hui cet assassinat ciblé, ainsi que d’autres éliminations, qui ne sont pas, officiellement, des « vengeances d’État », mais qui y ressemblent tout de même…

Plus de détails et de récits sur ces assassinats et frappes ciblées dans « Les tueurs de la République » nouvelle édition augmentée 2020, en poche chez J’ai Lu en 2022.

Et aussi l’épisode 3 de la série documentaire « Les tueurs de la République », titré « coup pour coup ». A revoir sur le replay de Canal+/Planète +, film cosigné avec Damien Fleurette, 2023.

24
Mar
2024
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Échanges avec les lycées sur le terrorisme et la justice

Le 23 mars 2024, j’étais au lycée des Trois Sources à Bourg-lès-Valence, à l’invitation de l’Association française des victimes de terrorisme (AFVT), pour échanger avec des lycéens sur le thème « démocratie, justice, histoire, mémoire« , aux côtés de deux victimes des attentats du 13 novembre 2015: Nadia Mondeguer, qui a perdu sa fille Lamia à La Belle Équipe, et Aurélie Sylvestre, dont le compagnon a été tué au Bataclan, alors qu’elle était enceinte de leur deuxième enfant.

L’AFVT, avec Chantal Anglade, organise depuis des années ces rencontres éducatives entre victimes et lycéens, afin de leur faire prendre conscience de ces événements récents et entamer un dialogue sur le témoignage et la justice.

A Valence, les mots de Nadia et d’Aurélie ont suscité une multitude de questions sur leurs réactions, leur vie après les attentats, l’impossible deuil, la reconstruction, leur participation au procès, le pardon (notion dont elles se sentent éloignées) et bien d’autres thèmes.

Je n’étais présent que pour témoigner, en tant que journaliste et réalisateur, de ce qui s’est passé au procès de manière plus générale et expliquer comment j’ai pu, avec Jean-Baptiste Péretié, filmer et construire le documentaire sur le procès « 13 novembre, l’audience est levée » qui a été diffusé sur France 5 le 12 novembre 2023, sans images du procès lui-même. Nadia Mondeguer, que j’ai pu interwiewée pour le film à de nombreuses reprises avant, pendant et après le procès, a pu compléter le propos, ainsi qu’Aurélie Sylvestre, laquelle explique qu’elle ne souhaitait pas, au début, assister au procès mais qu’elle y est finalement venue presque tous les jours.

D’autres rencontres dans des lycées sont prévues dans les mois prochains avec l’AFVT, où je serai également présent.

En décembre et janvier 2023, j’étais également intervenu au lycée Charles Gide à Uzès, sur l’histoire des attentats et la fabrication de mes films récents sur le terrorisme et la justice.

Ces interventions faisaient suite à la venue, fin novembre, à Uzès, de Latifa Ibn Ziaten, qui a perdu son fils Imad, tué en mars 2012 par Mohammed Merah à Toulouse. Depuis lors, Latifa Ibn Ziaten, avec le soutien de sa fondation Imad, parcourt la France entière et délivre des messages de paix et de tolérance, de laïcité et des valeurs de la République. Une femme remarquable, courageuse, dont le témoignage, à chaque fois, marque ceux qui l’écoutent et qui échangent avec elle.

12
Nov
2023
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« 13 novembre, l’audience est levée »: Jour J pour la diffusion sur France 5

C’est ce soir, à 21h05 que France 5 diffuse le film « 13 novembre l’audience est levée », que je cosigne avec le réalisateur Jean-Baptiste Péretié. Après deux années de travail intensif sur ce film, qui raconte le procès des attentats du 13 novembre 2015 à travers les yeux de certains de ses protagonistes, nous ne savions comment le film serait accueilli par ceux qui ont vécu ce marathon judiciaire et au-delà, par les médias qui ont pu prévisionner le film en amont.

Car un film est toujours le résultat de choix éditoriaux, de propos choisis (et donc, d’autres écartés) d’images et d’archives que nous avons mille fois soupesées et regardées, en ayant le sentiment d’avoir une responsabilité particulière pour essayer de donner à comprendre ce procès historique. Nous ne pouvions être exhaustifs, mais nous souhaitions que le film rende compte au mieux du cheminement de chacune des parties, jusqu’au verdict, lui-même controversé.

La soirée d’avant-première, le 9 novembre, qui réunissait la plupart des protagonistes du film, dont le président de la cour et ses deux assesseuses, l’un des avocats généraux, les avocats des principaux accusés, quelques avocats de parties civiles, des victimes et de nombreux témoins du procès nous a plutôt rassurés quant la perception du documentaire. Les retours furent très positifs, que ce soit sur le volet pédagogique du film sur la justice, sur l’équilibre des paroles et sur la force des propos tenus, notamment par les parties civile

Merci à tous, notamment aux mots de Nadia Mondeguer, de Faustine, de Philippe,aux commentaires de David Fritz-Goeppinger (auteur de la formidable photo de l’affiche du film), d’Aurélia Gilbert, d’Arthur Denouveaux  et LifeForParis qui ont recommandé le film, ainsi que L’Association française des victimes du terrorisme.

VOIR REVOIR LE FILM, C’EST POSSIBLE ICI EN REPLAY SUR LA PLATEFORME FRANCETV

Au-delà, le buzz et les échos médiatiques ont été également très encourageants, à en juger par ces quelques extraits de commentaires lus ou entendus sur notre film :

– Lorraine Rossignol de Télérama, qui nous a interviewés sur une page, chronique le film: « à regarder ce remarquable documentaire qui retrace pour la première fois ce procès à travers les images, c’est comme si on y replongeait. ». Elle évoque « une mise en récit très réussie : rigoureuse et structurée, tout en restant au plus proche des émotions ressenties ».

Eva Roque, sur France Inter, parle d’ « Un travail au long cours exceptionnel », « remarquable de distance », sur la forme comme au plan pédagogique. « Il n’y a pas une minute à jeter de ce film Chaque parole mérite d’être entendue. Autant de mots désormais inscrit dans l’histoire judiciaire ».

Stéphane Durand-Souffland, du Figaro :« La force du documentaire réside dans le fait qu’il donne la parole à des avocats de la défense, à des parties civiles, aux trois représentants du ministère public qui ont soutenu l’accusation, et même au président de la cour d’assises ». Le film « pose aussi, avec courage, la question de la peine infligée au dernier membre du commando terroriste encore en vie : la réclusion criminelle à perpétuité incompressible ».

-Pour l’Obs, « un documentaire fouillé, fluide, incarné, qui se révèle d’un bout à la hauteur de l’événement ».

-Pour Europe 1, «Un documentaire pognant sur un procès hors-normes ».

-Pour L’Humanité, « ce film vient célébrer la mémoire des victimes ».

-Pour Le Pèlerin « le film propose, de manière détaillée et chronologique, une plongée dans la mécanique des audiences pour en comprendre les enjeux »

-Pour Téléloisirs, et Télé2 semaines, « documentaire passionnant, d’une grande force, parfois bouleversant ».

Merci à tous et bon visionnage ce soir

PS : Merci aussi à Matthieu Suc, (auteur de « Vendredi 13 » chez Harpers et Collins) pour son commentaire sur le film, ainsi que Guillaume Auda, auteur du livre « Jeunes à en crever » (Le Cherche Midi).

Et merci à Benoît Peyrucq, formidable dessinateur judiciaire qui illustre notre film, avec des portraits et des scènes

5
Nov
2023
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J-7 pour la diffusion de « 13 novembre, l’audience est levée » sur France 5

Dans une semaine exactement, le dimanche 12 novembre 2023, à 21h précisément, France 5 diffusera le film documentaire « 13 novembre, l’audience est levée », que je cosigne avec le réalisateur Jean-Baptiste Péretié.

Voici la première bande-annonce du film, sur France 5

Et un article de Télérama sur ce film.

Fruit de deux années de travail, et principalement durant les dix mois du procès des attentats du 13 novembre 2015, qui s’est déroulé à Paris de septembre 2021 à fin juin 2022, ce film en retrace les grandes étapes. Après la tragédie des attentats, qui ont provoqué plus de 130 morts et des centaines de blessés, ce procès fut le plus grand pour terrorisme que la France ait jamais connu. Une occasion unique de prendre connaissance du détail des faits, de peser la responsabilité de chacun des 14 accusés présents (plus 6 absents, dont 5 présumés morts) et de juger, in fine, « au nom du peuple français ». Un grand moment où les démocraties tentent de répondre, même imparfaitement, avec les outils de la justice et du droit, à l’atrocité des drames.

Sans pouvoir, ni vouloir, être exhaustif sur tout ce qui s’est passé durant ces dix mois d’audience, nous avons choisi de suivre et faire revivre ce procès à travers les témoignages forts de quelques acteurs-clés, à commencer par quelques-unes des 2500 parties civiles, des avocats de victimes, des avocats de la défense, ainsi que les magistrats, dont les trois avocats généraux (représentant l’accusation) et le président de la cour.

Nous avons privilégié leurs paroles, souvent contradictoires, en tentant de nous interroger sur le processus même du procès, sur le dévoilement des questions centrales concernant les accusés (pourquoi ont-ils basculé? que leur reproche-t-on ? quelles peines encourent-ils?) autant que le vécu de victimes, pour qui ce grand procès fut une étape, parfois douloureuse, de leur vie d’après.

Plus de douze mois de tournages, une plongée dans l’effroi des attentats, des émotions permanentes, une centaine d’heures d’interviews et de séquences, des négociations souvent ardues pour avoir des autorisations de filmer, des choix cornéliens pour un montage de plusieurs mois, l’apport d’un grand dessinateur judiciaire (Benoît Peyrucq) pour illustrer les moments forts de l’audience, des demandes – finalement refusées par la justice – pour accéder aux vraies images (enregistrées pour l’histoire) de ce procès.

Voilà ce que furent les coulisses de ce film, qui n’aurait pas été possible sans le courage de ceux qui témoignent face à nos caméras.

« 13 novembre, l’audience est levée » prolonge et fait suite au premier documentaire sur les préparatifs du procès que j’avais cosigné avec Théo Ivanez, diffusé en septembre 2021 sur France 5 également, ainsi que la série documentaire V13, réalisée parallèlement pour LCP.

Rendez-vous dimanche 12 novembre à 21h sur France 5, veille de la commémoration des attentats, pour regarder ce nouveau film!

18
Oct
2023
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« Y-a-pas-de-failles »: le mantra de Beauvau après les attentats

« À ma connaissance, il n’y a pas eu de failles des services de renseignements ». Après l’attentat ayant coûté la vie au professeur Dominique Bernard et blessé trois personnes au lycée Gambetta-Carnot à Arras le 13 octobre, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est empressé de déclarer que les services n’avaient pas commis d’erreurs, lors d’une conférence de presse le samedi 14. Il a répété que la DGSI faisait un travail fantastique et que son patron, Nicolas Lerner, avait toute sa confiance.

La veille, une source sécuritaire autorisée – autrement dit un haut responsable de la DGSI – avait fourni quelques infos « off » aux médias, afin de déminer toute polémique : selon cette source officielle, le suspect, jeune caucasien de 20 ans, Mohammed Mogouchkov, faisait l’objet d’un « suivi actif récent », mais ce terroriste avait « décidé subitement de passer à l’acte, rendant difficile sa neutralisation ». Fermez le ban ! Même le procureur national antiterroriste (PNAT), Jean-François Ricard, lors de sa conférence de presse du 17 octobre, n’a pas dit un mot de la surveillance préalable de la DGSI. Et pour cause : le parquet n’a commencé à enquêter qu’après les faits dont il est saisi, et pas avant. De plus, le procureur est prudent !

Il n’empêche que cette antienne « y-a-pas-de-failles » a servi de mantra officiel après presque tous les attentats de la décennie noire (2012-2022) que je raconte dans « Le côté obscur de la force » (Flammarion).  Et, très souvent, il s’agissait de gros mensonges, puisque que l’on a découvert ensuite qu’au-delà des échecs, il y avait eu des erreurs et des dysfonctionnements dans les services : ce fut le cas dès les attentats de Mohammed Merah à Montauban et Toulouse en mars 2012. Et de manière répétée, notamment pour les attentats de janvier 2015, du 13 novembre 2015, de St Etienne du Rouvray (juillet 2016), de Trèbes (mars 2018), de la Préfecture de police (octobre 2019), et encore récemment de l’assassinat d’Yvan Colonna dans la prison d’Arles (mars 2022). Des rapports parlementaires, des inspections internes, les enquêtes judiciaires ont mis à mal cette thèse du « y-a-pas-de-failles ». Il ne s’agit pas de blâmer les agents, policiers et gendarmes. Leur travail de l’ombre est dur, compliqué, souvent ingrat, sans droit à l’erreur. Ils ont déjoué des dizaines d’attentats depuis 2018. Ils vivent toujours chaque attentat comme un échec. Mais il s’agit de regarder les faits avec lucidité, en s’interrogeant sur les leçons qui ont pu, à chaque fois, être tirées des « échecs » et des « failles » mises à jour.

En réalité, les agents de la DGSI, qui surveillaient Mohammed Mogouchkov ont du passer un moment terrible vendredi 13 juste après l’attentat, avec le sentiment d’un drame qu’ils ont pressenti sans pouvoir l’empêcher. Depuis que la DGSI a été promue « chef de file » de la lutte antiterroriste en France mi-2018, ce service est engagé, à chaque fois, dans une course contre la montre. Un état-major opérationnel, ouvert H24 depuis début 2019, veille en permanence sur les menaces, avec des renseignements provenant de tous les services (DGSI, DNRT, DRPP, SDAO, SNRP). Comme me l’a confié un responsable de la DGSI il y a quelques semaines, « maintenant, s’il y a un attentat, c’est nous qui sommes responsables ».

Si le jeune caucasien d’Arras -dont le frère aîné Movsar, condamné en avril dernier dans une affaire de terrorisme, avait déjà eu des problèmes dans le même lycée–  a été récemment fiché S, puis mis sous surveillance active (autrement dit avec des écoutes, ou autres techniques de renseignement) voire avec des équipes de filature sur le terrain, c’est bien que la DGSI avait des indices, ou des infos, sur sa soudaine dangerosité. Les enquêteurs de la DGSI voulaient-ils attendre afin d’avoir plus d’éléments précis sur ses projets ou ses complices, avant de « judiciariser » son dossier ? Son contrôle policier de la veille devait-il servir à l’espionner davantage, grâce à une aspiration secrète de son téléphone, permettant d’analyser plus de données ? Faisait-il l’objet d’une filature le vendredi matin? Autant de questions encore en suspens. Mais une chose est sûre : Mohammed Mogouchkov les a, de facto, pris de court. D’où ce sentiment d’échec.

Le ministre a pris soin de donner cette précision sémantique : « à ma connaissance, il n’y a pas eu de failles ». Gérald Darmanin prend cette précaution, parce qu’il arrive que les services ne disent pas toute la vérité, tout de suite, à leur ministre de tutelle.

Lors d’autres événements récents – comme la gendarmerie après les manifestations de Sainte Soline en mars, – le ministre a fait des déclarations publiques, sur la base d’infos données par ses services, qui se sont révélées inexactes, ou incomplètes. Il n’est pas le premier à vivre cela, comme me le confient plusieurs de ces prédécesseurs, tels que Bernard Cazeneuve et Christophe Castaner, qui ont eu parfois le sentiment de se faire « balader » par leurs propres services dans d’autres affaires.

Gérald Darmanin, lui, me le dit ainsi (p.70) : « À Bercy, j’avais des notes techniques très précises. Ici, c’est souvent plus impressionniste. Ils ne vous mentent pas, mais ils manquent de précisions. Il faut parfois attendre la troisième ou quatrième note pour avoir la vérité des prix, comme lorsque vous vous réveillez et qu’il vous faut quelques minutes pour tout percevoir correctement. Mais comme c’est un ministère réactif, je ne peux pas tout avoir. Ce sont aussi les risques du métier ».

A sa connaissance, donc, il n’y pas eu de failles…

PS: j’ai participé le 18 octobre de 20h à 21h l’émission de RTL « Le jour J » de Flavie Flament, avec l’expert du terro Guillaume Farde (prof affilié à Sc Po), sur le thème des « fichés S », du renseignement et du terrorisme. Une émission à retrouver ici.

13
Oct
2023
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Attentat d’Arras: le frère aîné du suspect avait eu des problèmes au lycée Gambetta

Selon des sources policières et des documents auxquels j’ai pu avoir accès, en complément des articles déjà parus dans plusieurs médias (France Info, Le Parisien, Le Monde, Libération), je peux partager quelques informations sur la famille de Mohammed M, ancien élève du lycée, jeune russe d’origine caucasienne interpellé lors de l’attentat qui a coûté la vie à un professeur et blessé trois personnes ce 13 novembre au lycée Gambetta, à Arras.  Et notamment sur le frère aîné du suspect, qui avait eu des problèmes au lycée Gambetta.

Né le 4 février 2003 à Nazran (Ingouchie), en Russie, Mohammed M. est le deuxième fils d’une famille de cinq enfants. Les parents ont quitté la Russie en 2004, avec leurs deux fils aînés, Mosvar, né le 23 décembre 2001, et Mohammed. Ils ont d’abord séjourné en Pologne et en Belgique, puis à nouveau en Pologne, dans l’attente d’une réponse à leur demande d’asile. En Pologne, ils ont eu deux autres enfants, une fille, et le jeune S., né le 22 novembre 2006 (interpellé également ce matin à Arras). La demande d’asile ayant été refusé, la famille est repartie en Belgique, près d’Anvers dans un camp de réfugiés, avant d’arriver en France en mars 2008. Ils ont d’abord vécu près de Nantes, puis à la Roche-sur-Yon, à Fougères et dans d’autres villages en Bretagne, où une dernière fille est née. La famille a emménagé en 2014 à Arras avec ses 5 enfants.

Le père de Mohammed M., Iakub, né en 1972 à Ingoucheti (Russie) a fait l’objet de multiples mesures pour être expulsé du territoire français, après que sa demande d’asile ait été refusée par l’Ofpra, décision confirmée par la cour nationale du droit d’asile. Après un arrêté d’expulsion en 2013, le père a refusé de s’embarquer dans l’avion en 2014. En décembre 2016, il fait l’objet d’un arrêté de refus de séjour et d’une obligation de quitter le territoire, qui n’a pu être exécutée. Après un nouvel arrêté en 2017, il a finalement été expulsé vers la Russie le 2 novembre 2018. Son épouse s’est dite séparée de lui, et est restée à Arras avec ses enfants.

Le frère aîné de la famille, Movsar M., est connu des services de police et de la justice. Il a été impliqué en 2019 dans une affaire de projet déjoué d’attentat terroriste. Comme je le raconte dans mon livre « Le côté obscur de la force » (Flammarion), la DGSI a infiltré en février 2019 une chaîne Télégram, nommée initialement « Ikhwan Al Haqq », avec plusieurs personnes radicalisées. Le plus vieux, âgé de 39 ans, se disait prêt à « laisser quelques douilles ici et là », notamment en visant des commissariats, des CRS ou des policiers à leur domicile. Ils recherchaient des armes. Ils évoquaient aussi une attaque d’une église, d’une journaliste de Charlie-Hebdo, un attentat kamikaze sur les Champs-Elysées et contre le palais de l’Elysée, « pour faire du sale », avec des repérages à la clé. La DGSI a participé, sous couverture, à plusieurs de leurs réunions préparatoires et leur a fourni des armes (démilitarisées), avant de les interpeller le 26 avril 2019 à Paris. Un complice, jeune « émir » de 17 ans, d’origine tchétchène, a ensuite été arrêté à Strasbourg.

Movsar M., lui, à Arras, apparaît en périphérie de cette affaire. Alors lycéen au lycée Gambetta, âgé de 17 ans, il a été arrêté par la DGSI au domicile familial, en présence de sa mère et ses frères et sœurs, le matin du 23 juillet 2019. Il a été mis en examen dans le dossier, d’abord pour association de malfaiteurs terroristes, et aussi pour avoir échangé avec plusieurs des protagonistes sur Télégram et ne pas les avoir dénoncés.

Movsar M. a d’abord expliqué qu’il était contre le terrorisme et le djihad. Mais il expédiait tout de même des vidéos de l’Etat islamique d’exécutions de prisonniers à l’un des protagonistes sur sa propre chaîne Télégram, avec des commentaires comme celui-ci : « j’ai direct pensé à toi, qui aime les égorgements »… Dans un autre échange, qui fait, selon les enquêteurs, référence à une image de François Hollande présent dans une librairie le 24 avril 2019, Movsar M. demande à son contact : « Hollande, il revient quand ? C’s trop bizarre en vrai qu’il n’y ait pas de sécurité ».

Dans cette affaire, cinq personnes, dont deux mineurs (Movsar M. et le jeune émir), mises en examen ont été jugées, à huis clos, par une cour d’assises spécialement composée en avril 2023 à Paris. Ils ont été condamnés à des peines allant de 5 ans jusqu’à 15 ans de prison pour association de malfaiteurs terroristes (AMT). Movsar  M. a été condamné à cinq ans de prison pour « non dénonciation de crime terroriste ». Et il a été aussi  condamné à 18 mois de prison en juin 2023 pour apologie du terrorisme par le tribunal correctionnel d’Arras. Comme je ne suis pas certain qu’il n’y ait pas eu appels de ces condamnations, je précise que les protagonistes sont présumés innocents.

En septembre 2020, quelques mois après son arrestation, Movsar M. avait bénéficié d’une libération conditionnelle, avec port d’un bracelet électronique. Mais cette mesure a été annulée en septembre 2021, après des incidents. Il avait notamment téléchargé des chants islamiques, des « anasheed », du type « « allons-y, égorgeons-les », « L’Etat islamique est mon destin », ou « l’heure de tuer est arrivée ». « Le bracelet, c’était dur », a-t-il dit au juge. « Et rien ne s’est passé comme prévu. Le lycée m’a claqué la porte au nez sans plus d’explication […] j’ai essayé de faire des efforts, de travailler chez moi, mais chez moi, c’était compliqué. Avec ma mère, c’était difficile, car elle m’en veut d’avoir eu des problèmes, elle en a souffert ».

Un autre incident, datant de fin 2016, laisse penser que Movsar M, boxeur amateur comme son cadet Mohammed M., n’était pas totalement à son aise dans l’environnement du lycée Gambetta. Même si sa mère a affirmé qu’il n’avait aucun problème de scolarité ou de comportement, les services de renseignement avaient eu vent de remarques faites, début décembre 2016, au lycée Gambetta par Movsar M. lors d’une séquence sur les « valeurs de la République » où était abordée la liberté d’expression et les attentats de Charlie-Hebdo. Selon une note des services, Moslav M. aurait dit que « l’attentat avait eu lieu car ils avaient insulté le prophète. Ils ont insulté l’Islam en représentant le prophète. Et les chiites ne sont pas des musulmans ».

Movsar M., incarcéré et aujourd’hui âgé de 22 ans, a-t-il eu une influence déterminante sur son jeune frère Mohammed, âgé de 20 ans ? Ou ce dernier, présumé innocent, s’est-il décidé pour d’autres raisons ? Ce sera aux enquêteurs et à la justice d’explorer toutes les pistes de ce contexte familial.

11
Oct
2023
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« Le côté obscur de la force » sort en librairie

Ma nouvelle enquête, sur le ministère de l’Intérieur sort le 11 octobre ‘en librairie. Titré « Le côté obscur de la force » (Flammarion), le livre dévoile les coulisses de Beauvau depuis une décennie et ses dérives: failles sur l’antiterrorisme, surenchère sécuritaire, surveillance étendue, déni de service public, politique du chiffre à outrance, omerta sur les « violences policières » , les sanctions et le racisme, malaise grandissant au sein des forces de sécurité avec une nouvelle augmentation des suicides. Voir la présentation du livre ici.

Plus de 2 ans d’enquête, 200 interviews, des documents inédits, des confidences du haut en bas du ministère. J’ai essayé de comprendre, et de raconter, comment ce ministère, représentant de la force publique, a subi et réagi aux crises successives qui se sont accumulées ces dernières années: terrorisme, mouvements sociaux comme les Gilets jaunes, choc #MeToo, trafic de stupéfiants, délinquance du quotidien.

-Des premières révélations, portant sur la surveillance (écoutes et géolocalisation) de milliers de personnes depuis la crise des Gilets jaunes ont fait l’objet de parutions dans Le Monde et d’interviews sur France Info et France Inter.

-J’étais, le 11 octobre, invité de Marie Portolano dans l’émission Télématin sur France 2.

-J’y ai expliqué les failles du renseignement sur le terrorisme à partir de 2012, la multiplication des écoutes depuis les Gilets jaunes, et les travers de la politique du chiffre de Gérald Darmanin. Revoir les extraits ici.

-J’étais aussi sur France 5 avec Caroline Roux dans C dans l’air, pour approfondir certains de ces sujets, notamment le maintien de l’ordre, les menaces terroristes, les consignes de Darmanin et d’autres sujets. Le replay à suivre là.

Et Olivier Tesquet m’a longuement interviewé sur le site de Télérama, (pour les abonnés) sur l’évolution de la surveillance, le poids de la DGSI, et la faiblesse des contrôles sur le renseignement.

D’autres interviews et réactions à venir!

Ajout du 15/10

Une nouvelle interview sur le site de Marianne: à lire (pour les abonnés) ici.

Ajout du 18/10:

-J’ai participé au Débat du jour sur RFI le 17 octobre, sur le thème des fichés S et du renseignement. A réécouter ici)

-J’étais le 18 octobre sur RTL dans l’émission « Le Jour J » de Flavie Flament (20h-21h) avec l’expert Guillaume Farde, sur le même thème. A réécouter ici.

QG le média libre : interview avec Aude Lancelin, le 25 octobre: un extrait à revoir ici

9
Oct
2023
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« Le côté obscur de la force », premières révélations du livre

Mon nouveau livre qui porte sur les coulisses du ministère de l’Intérieur, titré « Le côté obscur de la force » (Flammarion) sort le 11 octobre en librairie. Voir la présentation du livre ici.

Fruit de plus de deux années d’enquête, principalement au sein du ministère, cette investigation m’a permis de recueillir plus de 200 interviews, à tous les niveaux, du bas jusqu’en haut de la hiérarchie, aux ministres successifs, qui m’ont fait des confidences inédites et parfois très surprenantes.

J’ai essayé de comprendre, et de raconter, comment ce ministère, représentant de la force publique, a subi et réagi aux crises successives qui se sont accumulées ces dernières années: terrorisme, mouvements sociaux comme les Gilets jaunes, choc #MeToo, trafic de stupéfiants, délinquance du quotidien.

Grâce aux témoignages et à de nombreux documents confidentiels, je peux raconter comment le ministère a entamé une véritable dérive sécuritaire, les outils de l’antiterrorisme ayant déteint notamment sur le maintien de l’ordre et la surveillance. Malgré le dévouement de ses agents, ceux-ci subissent une pression du chiffre, imposée par les ministres, et un management interne parfois toxique. Critiqués et malaimés à l’extérieur, les policiers et gendarmes sont aussi souvent malmenés à l’intérieur. Le nombre de suicides est reparti à la hausse ces dernières années. Le ministère de l’Intérieur est une poudrière.

Le livre débute par des révélations sur les écoutes téléphoniques massives qui ont été décidées en secret pendant la crise des Gilets jaunes fin 2018. J’ai recueilli à ce sujet des témoignages importants et des confirmations officielles, y compris du ministre de l’Intérieur de l’époque, Christophe Castaner, qui dit avoir du « taper du poing sur la table » pour forcer les services de renseignement à pratiquer ces écoutes massives. Je révèle aussi que cette surveillance n’a pas cessé depuis lors. Au contraire, elle s’est même élargie à d’autres cibles, comme des membres de l’écologie radicale au début de l’année 2023…

-Première interview dès le 9/10 sur France Info à 7h40 avec Jérôme Chapuis. Extraits ici

-Interview et article sur France Inter. « Ils ne peuvent plus s’en passer »: un livre révèle une flambée des écoutes depuis les Gilets jaune, par Ariane Griessel.

-Bonnes feuilles exclusives dans le Monde du même jour, portant sur les écoutes durant la crise des Gilets jaunes. Et présentation du livre par Antoine Albertini, qui soulignent deux évolutions inquiétantes de la police que je détaille dans le livre: la surveillance de masse et la multiplication des entraves à manifester.

-Et d’autres médias et interventions à venir.

 

31
Mar
2023
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« Les tueurs de la République: coup pour coup » docu sur Canal +

Adapté de mon livre éponyme par chez Fayard, ce nouveau documentaire, que je cosigne avec le réalisateur Damien Fleurette, titré « Les tueurs de la République: coup pour coup » est diffusé sur Canal+ Doc à partir du 31 mars, et mutli-rediffusé.

Il s’agit d’une troisième volet de l’adaptation audiovisuelle de mon livre, dont la réédition augmentée est parue en 2020.

Les deux premiers, que j’ai réalisée en 2017, portait sur l’histoire des « Vengeances d’Etat » (ep 1) et la militarisation progressive des opérations de neutralisation « Frappes ciblées« .

Ce nouvel opus traite de la période la plus récente, c’est-à-dire depuis l’élection de François Hollande et surtout le mandat d’Emmanuel Macron, avec la multiplication des attentats terroristes et des réponses françaises. Le docu aborde notamment les attentats du 13 novembre 2015 et la manière dont la France a identifié ses commanditaires et contribué à leur élimination en Syrie et en Irak, de 2016 à 2019.

Il soulève aussi le sujet de l’opposition des logiques militaires et judiciaires, la seconde étant souvent sacrifiée au profit de la première. Certains attentats ou assassinats de Français provoquent des traques de présumés coupables, qui sont éliminés au lieu d’être traduits en justice. Au risque que la vérité ne puisse vraiment surgir sur les responsabilités, par exemple dans l’assassinats de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journaliste à RFI, tués à Kidal le 2 novembre 2013.

Mon livre, et le film, racontent comment certains des ravisseurs et commanditaires ont été tués par l’armée française, au grand dam des proches des victimes, qui espèrent toujours qu’un procès aura lieu un jour avec des suspects interpellés.

 

François Molins, ancien procureur de la République de Paris, de 2012 à 2018, nous livre son témoignage et son analyse sur le fait que la justice n’est pas toujours informée de ce que peut faire l’armée ou les services. Pour lui, le « secret défense » est parfois brandi de manière un peu large sur ces opérations d’élimination des djihadistes. Il donne des clés pour comprendre le statut juridiques de ces « combattants » étrangers non étatiques, tout comme Amilie Férey, chercheuse associée à l’IFRI et auteure d’un livre précieux sur les « assassinats ciblés » (CNRS Editions).

L’entrée en action des drones armés, dont la France a commencé à se servir fin 2019 au Sahel, est également abordé, sous l’aspect du droit et de son usage. Le film questionne in fine la question de l’efficacité des éliminations ciblées. Au vu de la fin de l’opération Barkhane et de la dégradation sécuritaire au Sahel depuis 2020, la chasse aux scalps, parfois revendiquée fièrement par les officiels, montre ses limites.

Parmi les autres témoins de ce film:

Danièle Gonod, président de l’association des amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon

David Baché, journaliste à RFI

Didier Le Bret, ancien coordinateur national au renseignement à ‘lElysée

Matthieu Suc, journaliste à Médiapart, auteur du llivre « Les espions de la terreur »

-Fabrice Lhomme, journaliste au Monde, coauteur de « Un président ne devrait pas dire ça »

« Matt », ex-soldat des forces spéciales

Gilbert Roger, sénateur (PS), auteur de rapports sur les drones