27
Jan
2025
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Virginia Hall, l’espionne oubliée, revit devant des lycéens

Expérience émouvante : à Saint-Etienne, devant près de 200 lycéens et collégiens, le 24 janvier, j’ai pu raconter l’histoire de Virginia Hall, cette espionne américaine oubliée, héroïne de la IIème guerre mondiale, qui participa à la résistance et à a Libération de la France.

A l’occasion des commémorations des 80 ans des débarquements et de la Libération, les rectorats de la région Auvergne-Rhône-Alpes, avec le consulat américain à Lyon, m’ont convié, ces derniers mois, à retracer l’itinéraire de cette Américaine, qui a œuvré de 1940 à 1945, dans notre pays. La biographie de « L’espionne Virginia Hall, une américaine dans la guerre » (Fayard, 2007, voir la présentation ici) que j’ai rédigée il y a de cela pas mal d’années, me sert de base à ces conférences devant des publics scolaires. Cela a commencé en octobre 2024 devant des professeurs d’histoire de l’académie de Clermont-Ferrand, puis en décembre aux archives départementales du Rhône, avec une centaine d’enseignants du rectorat de Lyon. Les profs initient parallèlement des projets dans leurs lycées respectifs, dans le cadre du Concours national de la résistance et la déportation, qui a pour thème, durant cette année 2024-2025 : « Libérer et refonder la France (1943-1945) ». Les lycéens peuvent préparer des projets personnels ou collectifs sur ce thème, en se basant sur des personnages impliqués dans cette période. Les résultats du Concours national seront rendus publics en juin prochain.

Pour ma part, après deux exposés avec des profs, je me suis rendu au lycée Jean-Monnet de Saint-Etienne, qui dispose d’une section internationale et d’une section audiovisuelle, qui m’ont accueilli à bras ouverts. Environ 70 lycéens m’ont écouté en présentiel, et ma conférence était captée et retransmise à plus 120 élèves d’une dizaine de collèges et de lycées du rectorat de Lyon.

J’ai ainsi pu narrer le parcours atypique de Virginia Hall : née à Baltimore, cette jeune femme polyglotte, secrétaire dans les ambassades américaines en Europe, se destinait avant la guerre à une carrière de diplomate, mais elle en fut empêchée du fait son statut de femme et son handicap (elle avait été amputée de la jambe gauche après un accident de chasse en Turquie en 1931). Démissionnant du département d’Etat en 1939, elle a rejoint la France et s’est engagée dans l’armée française comme ambulancière en 1940, avant d’être recrutée par les services secrets britanniques (SOE) en 1941. Elle fut la première femme envoyée pour une mission de longue durée en France.

Arrivant à Vichy et Lyon en septembre 1941 avec la couverture de journaliste américaine, Virginia Hall devint, jusqu’à son départ précipité fin 1942, le principal atout du SOE en France, aidant la résistance lyonnaise et bien au-delà. Trahie par agent double et pourchassée par Klaus Barbie qui la considérait comme « l’agent allié le plus dangereux », Virginia Hall franchit secrètement à pied les Pyrénées fin 1942 dans des conditions éprouvantes, pour revenir finalement à Londres après un séjour dans les prisons espagnoles. Bien que grillée en France, elle revint dans l’hexagone en mars 1944, avec l’appui de l’OSS (services américains) et une valise radio, afin d’aider les résistants et les maquisards à s’armer et libérer leurs territoires. Son aide fut essentielle pour libérer le Cher, la Nièvre et la Haute-Loire (voir l’article du Progrès de Haute-Loire de l’été dernier ici Virginia Hall le progrès) jusqu’en septembre 1944. Elle continua ensuite de s’activer pour préparer d’autres missions pour l’OSS jusqu’en mai 1945.

Indomptable, amoureuse de la France, farouchement libre, Virginia Hall échappa à toutes les arrestations et vécut dans le Maryland, dans jamais rien dire de ses exploits, jusqu’à son décès en 1982.

C’est ce destin méconnu que j’ai raconté en détail aux élèves, après l’avoir fait dans mon livre, sur la base de milliers de pages d’archives des services secrets que j’ai dénichées au Royaume-Uni et aux USA, ainsi que de documents du Centre d’histoire de la résistance et de la déportation de Lyon et des témoignages. Et les lycéens m’ont posé beaucoup de questions sur ses missions et son caractère ! Merci à eux et à tous ceux qui ont organisé ces conférences.

La télévision TL7 était sur place à Saint-Etienne et a diffusé ce sujet sur mon intervention.

 

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