Nouvelles révélations sur les attentats de Lockerbie-UTA-La Belle
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Je co-signe ce 17 juin 2025 avec Karl Laske dans Mediapart une nouvelle enquête titrée « Les confessions du repenti qui accuse Senoussi », basé sur de nouveaux documents inédits, qui pourraient être utilisés par la justice de plusieurs pays, portant sur des attentats libyens des années 80.Lire. Il s’agit d’une des suites – inattendues !- de notre livre paru en janvier « L’assassin qu’il fallait sauver » qui révélait des archives de Senoussi, l’ancien chef des services secrets de Kadhafi.
Lire l’article de Mediapart en 2025 06 17 Mediapart Attentat de Lockerbie _ les révélations du repenti libyen qui accuse Abdallah Senoussi ou en anglais 2025 06 17 Mediapart Pan Am flight 103_ the revelations of former Libyan agent on the Lockerbie bombing _ Mediapart
Les enquêtes portant sur les « cold cases » du terrorisme libyen des années 80 peuvent s’avérer pleines de rebondissements d’actualité.
La publication en janvier dernier avec Karl Laske de notre livre « L’assassin qu’il fallait sauver, au cœur de l’affaire Sarkozy-Kadhafi» (R laffont) révélait de nombreux documents issus des archives d’Abdallah Senoussi. Ce personnage clé du régime de Kadhafi, beau-frère du Guide, condamné par contumace en 1999 dans l’affaire de l’attentat du DC10 d’UTA (19 septembre 1989, 170 morts), était au centre des tractations avec l’équipe de Sarkozy pour le financement présumé de sa campagne de 2007. Le livre apportait un éclairage complémentaire en lien avec le procès de l’ancien président et de 3 de ses anciens ministres, qui s’est déroulé de janvier à avril.
Certains des documents inédits révélés dans le livre portaient sur les préparatifs des attentats du DC10 d’UTA, mais aussi de celui de l’avion Pan Am, au dessus de Lockerbie (Ecosse) le 21 décembre 1988 (270 morts). Saisi par des familles des victimes du DC10 d’UTA et leurs avocats, le Procureur national anti-terroriste a relancé l’enquête sur cette affaire, sur la base des nouveaux éléments mentionnés dans le livre, dont le rôle possible d’un artificier libyen, nommé Masud. Or cet ancien agent des services secrets libyens, extradé aux Etats-Unis fin 2022, s’était auto-incriminé comme l’artificier de l’attentat de Pan Am de 1988 et aussi comme celui ayant frappé la discothèque La Belle, le 5 avril 1986 (3 morts, plus de cent blessés). Son procès dans l’affaire Pan Am est en cours de préparation aux Etats-Unis. Il devait démarrer en mai dernier, mais il a été repoussé ces derniers jours à la date du 20 avril 2026, à cause de la complexité du dossier et de nouveaux éléments à venir. Les procureurs américains y travaillent en étroite collaboration avec les autorités judiciaires écossaises. Celles-ci, vivement intéressés par les documents révélés dans notre livre, en a requis certains et nous ont entendus longuement au printemps. Notre co-auteur libyen, source initiale des documents en question, a, quant à lui été interpellé quelques semaines en Libye, et reste sous les coups d’une procédure. Nous avons appelé, tout comme notre éditeur, à la fin des poursuites contre lui.
Dernier rebondissement : nous avons reçu, ces dernières semaines, des éléments nouveaux et des documents inédits portant sur le témoignage d’un ancien agent libyen, qui avait été condamné en Allemagne dans l’affaire de La Belle et qui, une fois sorti de prison, avait révélé au documentariste américain Ken Dornstein, dont le frère est décédé dans le Pan Am, des premières informations, portant notamment sur l’identité et le parcours de l’artificier Masud, venu à Berlin quelques jours avant l’attentat de La Belle. Ken Dornstein avait recoupé son identité avec celle du même homme venu à Malte, juste avant que la valise piégée n’embarque de cette île pour détruire ensuite l’avion Pan Am. C’est cette piste menant à Masud qui a permis aux Américains de le localiser avant d’obtenir son extradition. Pour cela, ils ont longuement entendu, de 2013 à 2015, l’ancien terroriste Musbah Eter devenu repenti sur tout ce qu’il savait des attentats libyens. Et il en savait long, que ce soit sur les hommes comme Senoussi, Masud et bien d’autres, sur les projets, les réunions de débriefing, les attentats de Pan Am, UTA, La Belle !
Curieusement, ces auditions, menées à Berlin devant des magistrats allemands et américains, n’ont jamais été rendues publiques, ni même transmises à toutes les autorités concernées. Nous avons obtenu copie de ces témoignages et nous en révélons des passages éclairants dans Médiapart daté du 17 juin. Ils enrichissent et complètent les documents des archives de Senoussi à la base de notre livre. Comme quoi, une enquête n’est jamais totalement achevée. Elle se poursuit