« Les tueurs de la République: coup pour coup » docu sur Canal +
Adapté de mon livre éponyme par chez Fayard, ce nouveau documentaire, que je cosigne avec le réalisateur Damien Fleurette, titré « Les tueurs de la République: coup pour coup » est diffusé sur Canal+ Doc à partir du 31 mars, et mutli-rediffusé.
Il s’agit d’une troisième volet de l’adaptation audiovisuelle de mon livre, dont la réédition augmentée est parue en 2020.
Les deux premiers, que j’ai réalisée en 2017, portait sur l’histoire des « Vengeances d’Etat » (ep 1) et la militarisation progressive des opérations de neutralisation « Frappes ciblées« .
Ce nouvel opus traite de la période la plus récente, c’est-à-dire depuis l’élection de François Hollande et surtout le mandat d’Emmanuel Macron, avec la multiplication des attentats terroristes et des réponses françaises. Le docu aborde notamment les attentats du 13 novembre 2015 et la manière dont la France a identifié ses commanditaires et contribué à leur élimination en Syrie et en Irak, de 2016 à 2019.
Il soulève aussi le sujet de l’opposition des logiques militaires et judiciaires, la seconde étant souvent sacrifiée au profit de la première. Certains attentats ou assassinats de Français provoquent des traques de présumés coupables, qui sont éliminés au lieu d’être traduits en justice. Au risque que la vérité ne puisse vraiment surgir sur les responsabilités, par exemple dans l’assassinats de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journaliste à RFI, tués à Kidal le 2 novembre 2013.
Mon livre, et le film, racontent comment certains des ravisseurs et commanditaires ont été tués par l’armée française, au grand dam des proches des victimes, qui espèrent toujours qu’un procès aura lieu un jour avec des suspects interpellés.
François Molins, ancien procureur de la République de Paris, de 2012 à 2018, nous livre son témoignage et son analyse sur le fait que la justice n’est pas toujours informée de ce que peut faire l’armée ou les services. Pour lui, le « secret défense » est parfois brandi de manière un peu large sur ces opérations d’élimination des djihadistes. Il donne des clés pour comprendre le statut juridiques de ces « combattants » étrangers non étatiques, tout comme Amilie Férey, chercheuse associée à l’IFRI et auteure d’un livre précieux sur les « assassinats ciblés » (CNRS Editions).
L’entrée en action des drones armés, dont la France a commencé à se servir fin 2019 au Sahel, est également abordé, sous l’aspect du droit et de son usage. Le film questionne in fine la question de l’efficacité des éliminations ciblées. Au vu de la fin de l’opération Barkhane et de la dégradation sécuritaire au Sahel depuis 2020, la chasse aux scalps, parfois revendiquée fièrement par les officiels, montre ses limites.
Parmi les autres témoins de ce film:
–Danièle Gonod, président de l’association des amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon
–David Baché, journaliste à RFI
–Didier Le Bret, ancien coordinateur national au renseignement à ‘lElysée
–Matthieu Suc, journaliste à Médiapart, auteur du llivre « Les espions de la terreur »
-Fabrice Lhomme, journaliste au Monde, coauteur de « Un président ne devrait pas dire ça »
–« Matt », ex-soldat des forces spéciales
–Gilbert Roger, sénateur (PS), auteur de rapports sur les drones