Rencontre-débat avec Coco, la dessinatrice de Charlie-Hebdo et Libération
Le 17 septembre, j’ai eu le plaisir de pouvoir animer, en tant que journaliste et président de l’association Prima Vera, une rencontre exceptionnelle avec Coco, la dessinatrice de Charlie-Hebdo et (maintenant) de Libération. Cette rencontre était organisée en ouverture du salon de la BD et du dessin de presse d’Uzès (17-19/9), initiée par la Librairie de la Place aux Herbes, l’association des amis de la Librairie, la Communauté de communes du pays d’Uzès et l’Ombrière, la nouvelle salle de spectacles inaugurée quelques jours auparavant.
Le public était venu nombreux (près de 300 personnes) pour écouter le témoignage de Coco, survivante des attentats du 7 janvier 2015 et dessinatrice phare de la nouvelle génération. Je l’ai présentée comme une « amoureuse de la liberté, cette liberté qui est parfois menacée, fragile, et qu’il faut donc défendre avec détermination, sa voix, sa plume et son crayon ».
Coco a témoigné lors du procès des attentats de janvier 2015 et elle a publié, en mars 2021, un magnifique livre de dessins et de récit graphique « Dessiner encore » (Les Arènes) sur son expérience douloureuse et le traumatisme subi à Charlie-Hebdo et sur la nécessité vitale de continuer de « brandir son crayon » comme une arme pacifique contre la haine et la violence.
Rappelant que le droit au blasphème est bien ancré dans le droit français (notamment depuis un procès gagné par Charlie en 2007), Coco a réaffirmé qu’on devait respecter les croyants, mais qu’on pouvait se moquer des religions, de toutes les religions. « Il faut pouvoir rire de tout. Un dessin, c’est un coup de poing dans la gueule » a-t-il dit en citant Cavana, et en évoquant le « sourire » de Cabu, qui l’avait prise sous son aile, lorsqu’elle est arrivée à Charlie-Hebdo, « cette famille sérieuse et déconnante ».
Lors de cette rencontre, nous avons parcouru des pages de son livre, qui alterne des pages noires « griffonnées la nuit », des vagues bleues qui l’ont submergée, symboles de la douleur d’avoir perdu des proches, de la culpabilité et dr l’impuissance de la survivante ayant été forcée d’ouvrir la porte du journal par les assaillants, et des pages de couleurs, comme ce bleu lumière, avec son irrépressible de « faire barrage à l’insensé » en dessinant toujours.
Puis, nous avons projeté des dessins récents choisis par Coco, principalement publiés dans Libération, caricaturant, au hasard, des islamistes, des talibans, des dictateurs, des antivax, des écolo, etc. Un festival de dessins libres, inspirés par l’actualité. Le public a également pu poser des questions et dialoguer avec Coco, avant une longue séance de dédicaces.
Coco était la bienvenue. Merci à elle et à tous pour ce moment inoubliable!