Terrorisme: Trump, Hollande, même combat?
Lors de son discours d’investiture du 20 janvier, le nouveau président américain Donald Trump a annoncé la couleur sur un certain nombre de ses projets protectionnistes et conservateurs. En matière de politique étrangère, son seul objectif réellement affiché, outre « America first » – est « d’éradiquer » le terrorisme islamique, ni plus, ni moins. Vaste programme!
On frémit déjà à l’idée de ce que cela peut signifier en matière d’opérations militaires ou clandestines, le même Trump ayant dit à la CIA qu’on l’avait empêché d’agir jusque là et qu’il fallait qu’elle puisse désormais retrouver des marges de manoeuvres. On se rappelle que le cow-boy texan George Bush avait déjà dit la même chose après les attentats de 2001 et qu’il avait autorisé la torture et la détention arbitraire de prisonniers… Il n’est donc pas impossible que cette ligne antiterroriste néo-conservatrice revienne en force, avec tous les dérapages qui vont avec.
Qui plus est, la réthorique martiale visant à « éradiquer le terrorisme islamique » relève, une fois de plus, d’une vaste illusion historique. Certes des victoires militaires peuvent être obtenues par les Américains (comme en Afghanistan en 2001, en Irak en 2003), mais elles n’empêchent pas le djihad – multiforme, idéologique, religieux – de prospérer. Il est d’ailleurs plutôt sorti renforcé, ces dernières années, des aventures militaires occidentales, y compris de celles menées, avec aveuglement, par la France et ses alliés en Libye en 2013.
Le propos de Trump rejoint d’ailleurs curieusement des déclarations répétées de François Hollande sur le même thème. Après le 13 novembre 2015, il avait annoncé clairement: « nous éradiquerons le terrorisme« . Une phrase qui n’a pas grand sens, tant elle laisse entendre que nous aurions un pouvoir absolu d’éradication alors que nous pouvons lutter contre son emprise, déjouer des attentats, mener des guerres, mais probablement pas supprimer définitivement par nos seules forces un phénomène planétaire qui n’a cessé de se renouveler depuis des décennies.
Lors d’une visite en Irak début janvier, François Hollande a aussi annoncé que 2017 serait une année de victoire contre le terrorisme. Victoires militaires sans doute à Mossoul, en Irak, en Syrie, ou au Sahel. Mais ces victoires ne suffiront pas. Elles n’auront de sens que si des solutions politiques sont trouvées dans ces pays. Or, on ne voit rien venir. En ce domaine, ni Trump, ni Hollande n’ont, semble-t-il, beaucoup d’atouts pour faire évoluer les choses. Les coups de menton n’y suffiront pas!