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Oct
2018
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Bureau des légendes, saison 4: à Moscou, tout est possible…

La Saison 4 du Bureau des légendes va être diffusée par Canal Plus à partir du 22 octobre. Ayant eu le privilège d’en voir une grande partie en avant-première(mais pas la fin, qui, je le suppose, réserve des surprises décoiffantes) , je peux en parler un peu, non pas pour spoiler l’intrigue à ceux qui vont la regarder, mais pour évoquer les tendances qui caractérisent cette saison.

Le show-runner Eric Rochant (photo ci-dessous), chef d’orchestre de cette série, garde son exigence artistique et éditoriale: à savoir qu’il ne fait pas de compromis avec des styles de séries d’action « made in USA », formatées avec 3 scènes d’action pure dans chaque épisode, sinon rien.

Par rapport à la saison 3, on peut estimer que le rythme est plus lent, un peu moins tendu, mais c’est au bénéfice d’un repositionnement de la série sur des thématiques nouvelles, sans relâcher nos héros.

La série sait se renouveler, puisqu’à après 3 saisons orientées sur le Moyen-Orient, la Syrie et Daech, l’intrigue se tourne vers la Russie de Poutine et les menaces du monde cyber.

Certes, la guerre en Syrie est toujours présente, avec l’un des analystes qui est envoyé sur le terrain à la recherche de djihadistes français dangereux, mais cela demeure une intrigue secondaire. Ce déplacement géographique, vers Moscou – comme nous l’avions écrit dès l’été 2017 dans un article du Fig Mag à retrouver ici -et l’informatique, permet à Eric Rochant d’aborder ce qu’il appelle les « méga-trends » du monde contemporain, à savoir des tendances lourdes de l’actualité et de la géopolitique, à savoir le poids de la Russie (diplomatique, militaire, stratégique) et le nouveau front de l’espionnage que constituent les menaces cyber (notamment celles venant de Russie justement), avec les risques de manipulation. C’est la nouvelle toile de fond du récit, dans lequel « Malotru » (Mathieu Kassovitz) tente de nager, voire de se sauver, et la DGSE essaie de jouer ses cartes. Pas facile, avec des espions russes retors, des agents doubles ou triples, des pièges et des mines posées partout. A Moscou, tout est possible… et à Paris aussi…

Les erreurs et dysfonctionnements qui ont permis au « traître » Malotru – rappelons qu’il a trahi la DGSE pour les yeux d’une belle Syrienne – de s’en sortir jusque là, avec des complicités internes, font – enfin, dira-t-on – l’objet d’une enquête au sein de la DGSE. Pour le réalisme de la série, c’est mieux! Et là, l’incroyable Mathieu Amalric (photo ci dessous), acteur puissant et subtil, entre en jeu, dans le rôle d’un méchant enquêteur, baptisé du surnom de JJA, comme Jesus James Angleton, le très paranoïaque directeur du contre-espionnage de la CIA des années 60, qui voyait des « espions rouges » partout, y compris au sein de son service, ce qui provoqua des dégâts internes considérables. Le pire était qu’il n’avait pas totalement tort! Mais quand le poison du doute s’instille dans un service de renseignement, c’est une véritable bombe à fragmentation… Disons simplement, sans en dévoiler trop, que Mathieu Amalric joue ce rôle à merveille…

Bref, cette saison 4 se déguste à petites doses, comme un doux brevage, ou plutôt une drogue addictive. Tant pis pour l’invraisemblance de certains morceaux du scénario, ici ou là. On y croit!…

A suivre, l’actualité du BDL sur twitter ici

A lire aussi, le livre « Le bureau des légendes décrypté » paru ces jours-ci, avec Bruno Fuligni, historien et maître de conférence à Sciences Po, qui raconte, en 18 leçons simples, ce qu’il faut savoir sur le vrai monde de l’espionnage.

 

 

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