Nous demandons la libération de notre co-auteur Samir Shegwara, emprisonné en Libye
Rebondissement dans les suites de la publication de notre livre « L’assassin qu’il fallait sauver », co-signé avec Karl Laske et le lanceur d’alerte libyen Samir Shegwara, basé sur des archives inédites d’Abdallah Senoussi, l’ancien chef des services secrets, condamné à la perpétuité par contumace pour l’attentat ayant détruit le DC10 d’UTA le 19 septembre 1989.
Alors que Samir Shegwara avait déjà auto-publié en Libye en 2018 des documents des services secrets et revendiqué leur diffusion dans des premiers articles de Mediapart dès cette époque, la publication de notre livre en janvier 2025, et surtout la diffusion, le 18 mars, d’un article de la BBC Scotland mentionnant l’intérêt des autorités judiciaires écossaises pour ces documents, notre co-auteur a été interpellé le 20 mars, à 14h30 à son bureau de maire du quartier Andalousie, à Tripoli. Incarcéré et poursuivi pour « détention de documents classifiés » et atteinte « à la sécurité nationale », il a été provisoirement remis en liberté du 1er au 5 avril, avant d’être à nouveau incarcéré, dans l’attente d’un procès imminent.
L’arbitraire semble prédominer dans cette procédure. Il s’agit sans doute de faire pression et d’empêcher ce dénonciateur des crimes commis par l’ancien régime de Kadhafi de s’exprimer, voire de témoigner devant des cours française ou anglo-saxonnes, dans le cadre des procédures sur les attentats du DC10 d’UTA et de Lockerbie (Ecosse, 21 décembre 1988). L’ancien chef de l’enquête au FBI sur ce dernier attentat, Richard Marquise, a commenté sur la BBC la teneur des documents publiés dans notre livre, comme de la « dynamite » potentielle, car ils impliquent de manière plus précise les autorités libyennes dans cet attentat. Le procès du présumé artificier libyen, appelé Masud, est en cours de préparation aux Etats-Unis.
Ces poursuites contre Samir Shegwara constituent, selon nous, des atteintes à la liberté d’expression et des entraves à la manifestation de la vérité.
Suite à cette arrestation, notre éditeur Robert Laffont a publié, le 4 avril, un communiqué (voir ROBERT LAFFONT ) son souhait que ces poursuites cessent contre un auteur. Certaines familles des victimes de l’attentat du DC10 d’UTA ont également dénoncé ces entraves, et ont saisi, le 7 avril, le président de la République Emmanuel Macron à propos du sort de Samir Shegwara.
Nous exprimons notre inquiétude à ce sujet et poursuivons nos efforts pour le soutenir.
Un article de Mediapart explique la situation, ainsi qu’un long sujet de la BBC et un article sur RFI.
2025 04 03. Le dénonciateur des crimes de Kadhafi a été arrêté à Tripoli Mediapart
2025 04 03 BBC Lockerbie bombing whistleblower arrested in Libya
Voici l’intégralité du communiqué de Robert Laffont du 4 avril 2025
« Les éditions Robert Laffont ont appris l’arrestation le 20 mars dernier à Tripoli de Samir Shegwara,
coauteur avec Karl Laske et Vincent Nouzille de L’Assassin qu’il fallait sauver,
et l’ouverture à son encontre d’une procédure pour « possession présumée
de documents de sécurité classifiés, sans justification légale ».
Lesdits documents, issus des archives d’Abdallah Senoussi – ancien directeur du
renseignement militaire libyen – et dont l’authenticité ne saurait être remise en
cause, sont d’un intérêt public et historique majeur en Libye
comme en France, en Ecosse et aux Etats-Unis.
Ils sont par ailleurs le socle de l’ouvrage L’Assassin qu’il fallait sauver, consacré aux
attentats commis par les services secrets libyens contre le Boeing de la Pan Am à
Lockerbie, le 21 décembre 1988, et le DC 10 d’UTA reliant Brazzaville et Paris, le19 septembre 1989.
Ayant reçu le soutien du Conseil des Sages de la Municipalité du Grand Tripoli auquel
il appartient, Samir Shegwara a été heureusement remis en liberté provisoire
ce mardi 1er avril ; il reste toutefois sous la menace d’une réincarcération et d’un
procès les prochains jours.
Les éditions Robert Laffont déplorent les poursuites menées contre Samir
Shegwara ainsi que les pressions qui semblent s’exercer contre lui afin qu’il rétracte
sa dénonciation des crimes commis par l’ancien régime de Mouammar Kadhafi.
À ce titre, elles s’associent à ses deux coauteurs Karl Laske et Vincent Nouzille
pour demander aux autorités libyennes l’arrêt des poursuites à son encontre.